Les bâtiments publics abritant l’appareil juridique français sont empreints de formalisme et se positionnent comme des lieux chargés d’histoire dans lesquels s’entrecroisent les destins des citoyens et des judiciables. Focus sur la construction des lieux de justice de l’archipel guadeloupéen.
L’ancien palais de justice de Pointe-à-Pitre Premier chantier, inauguré en 1932, d’Ali Tur, qui a fait le choix de le reconstruire sur le site même de l’ancien palais de justice détruit par le cyclone de 1928. L’architecte a pris soin de conserver les volumes et le socle de l’ancien bâtiment tout en l’adaptant à l’esthétique de l’époque et aux conditions climatiques par le choix d’une technique alors encore peu utilisée et résolument moderne ; le béton armé. Le mobilier des salles d’audience a également été conçu par Ali Tur. Depuis octobre 2018, le nouveau palais de justice de Pointe-à-Pitre a ouvert ses portes derrière la sous-préfecture. Les travaux de ce projet d’envergure ont débuté en 2015 avec l’intention de la part des pouvoirs publics de replacer la justice au coeur de la ville.
Sa conception, a été confiée à l’architecte Ignacio Prego, qui avait pour objectif de créer un écrin de nature dans un environnement particulièrement urbain afin de rapprocher la justice du citoyen. L’architecture de l’édifice ainsi que les matériaux choisis s’inscrivent dans une volonté d’associer l’action judiciaire pour laquelle prédominent la pondération et de la mesure à une certaine modernité ; son volume se veut un point d’équilibre entre la retenue qu’impose l’évocation de la justice et l’ouverture sur la ville ; les murs habituellement épais et opaques des institutions judiciaires évoquent ici à l’inverse transparence et ouverture ; les brise-soleil en aluminium apportent une luminosité naturelle.
Au-delà de la forme et des volumes, le choix des matériaux à l’image des panneaux de bois massif traduit la volonté de proposer une justice proche bien loin de l’image traditionnelle des salles d’audience à l’atmosphère glacée et autoritaire.
Quelques chiffres :
Le nouveau palais de justice de Pointe-à-Pitre s’étend sur 5911 m2 pour un coût de 27 millions d’euros. Avec une surface trois fois plus importante que pour l’ancien bâtiment, il permet de regrouper désormais l’ensemble des services du tribunal de grande instance avec notamment trois salles d’audience au lieu d’une seule auparavant pour une justice plus rapide.
Le palais de justice de Basse Terre
Intégré dans une commande globale de la part du Ministère des Colonies, l’édifice tourné vers la mer et érigé en 1934, compte parmi les quelque 120 bâtiments publics commandés par l’Etat et construits par Ali Tur en Guadeloupe. Si le passage dévastateur du cyclone de 1928 a largement contribué à ces constructions, la ville de Basse Terre bénéficiait toutefois, avant la catastrophe, d’un projet urbain qui intégrait également la construction du palais du Conseil Général et la préfecture de Guadeloupe en vue de la commémoration du tricentenaire du rattachement de la Guadeloupe à la France. Depuis 1997, le palais de justice de Basse Terre (y compris le parvis d’entrée, ses marches, son patio et sa fontaine) est classé au titre des monuments historiques.
La réforme de la justice
Depuis le 1er janvier 2020, les tribunaux judiciaires remplacent les tribunaux d’instance et les tribunaux de grande instance. Cette fusion vise à désengorger les tribunaux et à simplifier les procédures pour les litiges civils et commerciaux pour offrir une justice plus efficace, plus rapide et plus moderne. Certains litiges seront désormais réglés par une chambre détachée nommée tribunal de proximité.
Texte : © Christine Morel / Photos : © Simax communication