Que ce soit dans le cadre de la construction de sa maison, d’une rénovation, ou tout simplement d’un changement de décoration, le choix de son carrelage est une étape à la fois importante et complexe. En effet, les questions ne manquent pas : quelle classification ? quelle épaisseur ? quelle finition ? ForumConstruire.com, plateforme d’échanges entre particuliers sur la construction de maison et l’amélioration de l’habitat, livre ci-après ses conseils pour éviter certains pièges lors de son achat.
1 / La classification
Classement UPEC (norme française), PEI (norme européenne) … A quoi correspondent ces normes ? Si la norme PEI correspond à la résistance du carrelage à l’abrasion et détermine le niveau de passage du revêtement, la norme UPEC, quant à elle, définit la résistance à l’usure (et donc au passage), au poinçonnement (dans le cas d’une chute d’objet par exemple), mais aussi à l’eau (une indication importante pour son entretien…) et aux agents chimiques.
Ces deux classifications permettent donc de déterminer un classement en fonction d’un usage. Mais attention, elles ne définissent en rien la qualité du carrelage ! Ainsi, si un PEI 2 ou 3 suffira pour une chambre, à l’inverse, un PEI 5 s’avèrera indispensable pour un lieu public à fort trafic.
Mais tout n’est pas si simple… Exemple : on souhaite acheter, dans une grande surface ou chez un discounter, un carrelage classé PEI 5 (ou groupe 5) à 10 € le m². Ce carrelage aura donc résisté à un test légal d’usure de 12 000 tours, indispensable pour obtenir la classification PEI 5. Dans une autre marque, un carrelage ressemblant sera proposé beaucoup plus cher (50 € le m2), tout en ayant, lui aussi, le classement PEI 5. Pourquoi ce carrelage est-il plus cher que le premier, alors qu’ils se ressemblent tant et qu’ils ont la même classification ? Tout simplement, parce que le carrelage le plus onéreux aura passé, lui aussi, le test des 12 000 tours, mais qu’il aura supporté 50 000 tours de plus avant d’être usé…
Un autre indice pour vérifier la qualité d’un carrelage, et plus particulièrement sa résistance aux rayures, est celui de son classement selon l’échelle de MOHS (Classification qui permet de contrôler la résistance à l’abrasion profonde, comme un caillou coincé sous une semelle). Plus on se rapprochera de 10, plus la qualité des émaux ou du tesson (pour les produits pleine masse) sera bonne.
2/ Le poids du carrelage
Il est important également de vérifier le poids du carrelage : plus celui-ci est conséquent, plus, théoriquement, le pressage aura été, lui aussi, important. Ayant plus de matière première, le temps de cuisson aura été plus long, améliorant ainsi la fonte des matières premières, des émaux et autres. Pour résumer, plus le carrelage est lourd, meilleur signe c’est !
3/ L’épaisseur du carrelage
Il existe plusieurs idées reçues quant à l’épaisseur du carrelage. En particulier, celle selon laquelle plus le carrelage est épais, plus il est solide et de qualité, et donc plus il durera dans le temps. Faux ! L’épaisseur d’un carrelage est conditionnée uniquement par le tonnage de la presse. Un carrelage de 10 mm d’épaisseur, pressé à 1 500 tonnes au m², sera ainsi de moins bonne qualité qu’un carrelage de 7 mm d’épaisseur pressé à 5 000 tonnes au m². Le poids au m² est donc, une fois de plus, un bon critère de sélection.
Autre idée reçue, celle selon laquelle un carrelage plus fin serait plus facile à couper. Là encore, c’est faux… C’est même exactement l’inverse, car la compensation de coupe se fait alors plus facilement.
4/ Le marketing, c’est fait pour vendre !
Méfiance aussi quant à une information purement marketing : la mention « Cuit à 1300° ». Si cela pouvait être vrai pendant au moins 50 % du temps de cuisson… mais non ! Il s’agit là du pic de température de cuisson, qui ne dure que quelques instants, et donc pas pendant la majeure partie de la cuisson… Le carrelage fabriqué il y 20 ans, alors que le groupe 5 n’existait pas, était de toute aussi bonne qualité que celui d’aujourd’hui. La seule différence est qu’à cette époque, le carrelage cuisait pendant des heures. De nos jours, un carrelage peut être cuit en 15 minutes !
5/ Le piège des « bords rectifiés »
Le fait de rectifier les bords, ou de retailler à dimension fixe les bords d’un carrelage, permettrait d’avoir un carrelage mono-calibre d’une production à une autre. Or il n’en n’est rien ! En effet, malgré la rectification, beaucoup d’usines continuent à produire des calibres différents. De plus, la rectification est faite pour s’intégrer dans une logique décorative minimaliste, avec une pose sans joint ou presque. Ce procédé est interdit en France, où la pose doit être réalisée avec un joint de 2,5 mm minimum pour les rectifiés et de 3,5 mm minimum pour un non rectifié. Alors, pourquoi payer le prix d’une rectification qui n’est d’aucune utilité ?
6/ Le « Lappato »
Traduite en français, cette appellation ne veut, en réalité, rien dire. Et, si l’on creuse un peu, il y a autant d’explications quant aux modalités de ce process qu’il y a d’usines. Certaines parlent de polissage, d’autres de brossage, d’autres enfin de patinage, avec ou sans adjonction de produits inconnus en surface. Bref, cette légère brillance de surface est très nébuleuse… Quoi qu’il arrive, qu’il s’agisse de polissage, de brossage ou de patinage, la finalité est la même : on use prématurément le grès cérame émaillé en surface, pour lui donner une brillance superficielle. En clair, on réduit la résistance mécanique de surface du carrelage, et on paie plus cher cette usure inutile.
Une usine peut très facilement produire un carrelage brillant à un endroit et plus mat à un autre, en apposant tout simplement les émaux d’une façon spécifique. Cela s’appelle les émaux protégés (les émaux brillants au fond du carrelage, les émaux mats au-dessus). Cette appellation « LAPPATO » permet en réalité à l’usine non seulement d’avoir moins de carrelage déclassé lors de la fabrication, mais aussi de facturer davantage au consommateur, en lui faisant croire qu’il s’agit d’une prestation plus haut de gamme.
7/ Le « teinté dans la masse »
Autre caractéristique purement commerciale, qui n’a d’autre objectif que d’inciter à dépenser plus : le grès cérame émaillé dont le biscuit ou tesson a été « teinté dans la masse » … L’argumentaire est le suivant : comme le dessous du carrelage a été teinté, dans l’épaisseur de la masse du biscuit, d’une couleur identique à la partie émaillée en surface, alors, en cas de choc et si un éclat de l’émaillage venait à se désolidariser du biscuit, cet impact serait quasi invisible.
C’est vrai… Mais seulement pendant 15 jours ! Car quand on aura lavé 2 ou 3 fois son carrelage avec des produits d’entretien, qui encrassent davantage qu’ils ne nettoient, un dépôt de la couleur de la salissure étalée lors du lavage à la serpillère restera collé au fond du trou provoqué par l’éclat, le rendant bien visible alors qu’il devait initialement demeurer caché grâce à la teinture dans la masse.
Source : ForumConstruire.com