Vous souhaitez vous porter acquéreur d’un terrain ? Sachez que vous avez toute latitude pour mettre en oeuvre la réalisation de votre maison. C’est cela le challenge de l’autoconstruction : assumer les deux casquettes de maître d’ouvrage et de maître d’oeuvre. Un challenge qui s’adapte selon que vous souhaitez construire vous-même de A à Z votre maison ou bien partager en recourant à des professionnels de l’immobilier (maître d’oeuvre, architecte, bureau d’étude…) pour intervenir durant certaines phases de la construction. D’une manière générale, l’autoconstructeur assumera lui-même toutes les composantes de la construction immobilière, de l’étude de faisabilité spatiale technique et financière aux travaux proprement dits. Il pourra toutefois déléguer certains pans de la maîtrise d’oeuvre à un entrepreneur ou à un architecte, étant donné la complexité et la technicité de certains travaux, tels que le terrassement du sol, le drainage, les fondations ou encore le soubassement.
Mieux piloter son chantier
Les avantages de l’autoconstruction sont loin d’être négligeables. Le futur propriétaire réalisera des économies substantielles sur son budget et pourra réinvestir l’argent ainsi économisé, par exemple dans son projet maison même (pourquoi pas en étendant la surface habitable initialement prévue ou avec des matériaux plus sophistiqués). En moyenne, il est considéré que l’autoconstruction peut laisser espérer un volume d’économies d’environ 30% sur le budget nécessaire en cas de construction par un professionnel.
Le principe de l’autoconstruction est de ne pas avoir à recourir aux professionnels de l’immobilier ou plutôt de limiter leur intervention. Autrement dit, cela revient à supprimer une grande partie, voire la majorité, des intermédiaires et par conséquent des frais qu’ils occasionnent, de quoi réduire son budget global.
Suivant votre degré de compétences, à vous de déterminer à partir de quelle étape vous êtes en mesure de prendre les choses en main. Electricité, plomberie, peinture, charpente: tous ces postes de dépenses seront à calculer et à estimer avant de vous lancer. Dès le début, identifiez bien les dépenses à concéder, elles concerneront certains travaux à réserver aux professionnels : le terrassement, la pose des fondations, les travaux de voiries et réseaux divers (VRD).
Le challenge de l’autoconstruction fera de vous un constructeur-propriétaire. A vous de gérer les éventuels dépassements des coûts de construction ainsi que les différentes entreprises qui vous fourniront le matériel de construction.
Propriétaire et maître d’oeuvre
Rassurez-vous, même en autoconstruction, vous n’êtes pas obligés de tout gérer seul ; vous pouvez faire appel à une assistance, celle d’un superviseur. Le constructeur superviseur vous conseillera pour la répartition des coûts et gérera la sous- traitance selon les besoins. Même si l’autoconstruction n’est pas encadrée légalement et ne requiert pas un statut particulier, elle ne vous dédouane pas de certaines obligations. Vous seriez ainsi bien avisé de vous renseigner auprès de votre assureur pour savoir si votre assurance responsabilité civile vous couvre aussi dans ce nouveau cadre. Dans le cas contraire, il est impératif de revoir votre contrat. Vous devez notamment penser à protéger les personnes qui travailleront de façon régulière ou ponctuelle sur le chantier avec vous, même si ce sont des membres de votre famille. Votre projet commencera à prendre forme grâce à une bonne budgétisation. Il s’agit de dresser des prévisions qui tiennent compte des dépenses à effectuer durant toute la période de la construction. Le budget disponible doit figurer dans le projet d’autoconstruction initial. Vous pouvez faire appel à des apports personnels (salaires, pensions, revenus locatifs…) ou recourir à des emprunts (comme le crédit immobilier). L’enjeu est de cerner tous les aspects de la construction et de sortir un devis exhaustif de manière à déterminer si les fiances prévues seront suffisantes pour couvrir l’ensemble des dépenses. Il vous faudra établir un budget total réellement mobilisable.
Une astuce : S’approvisionner en matériaux au plus près de votre chantier de construction, pour réduire voire supprimer les coûts
Le décompte comprend d’une part les matériaux et infrastructures et d’autre part la main-d’oeuvre des intervenants professionnels, sans oublier les divers coûts liés au bien (honoraires du notaire, droits d’enregistrement, frais de formalité) ainsi que les frais des divers raccordements (eau, électricité, tout-à-l’égout…). Avant de pouvoir aborder la construction, une phase essentielle : l’élaboration du plan de construction. Ceux qui ont des notions en dessin et notamment en dessin technique pourront le réaliser eux-mêmes. De bons outils existent également sur Internet et restent facile à aborder. En général toutefois, il vaudra mieux laisser ce soin à un architecte qui garantit un réel savoir-faire pour tracer les lignes de votre future maison.
L’école de la patience
Vient enfin le coeur du projet, la construction en elle-même. Autant vous prévenir : si la patience n’est pas votre fort, vous devrez en redoubler : on estime à un minimum de 2 000 heures de travail l’autoconstruction d’une maison de taille moyenne (aux alentours de 100 m2), du début des travaux jusqu’à la réception de l’ouvrage fini. Même si vous avez déjà une idée de la configuration de votre futur chez vous, il devra être conforme à la réglementation RTAA applicable dans les Départements d’Outre-Mer.
En résumé, pour l’aspect thermique : pensez à la ventilation naturelle en ménageant des ouvertures spécifiques sur au moins deux façades d’orientations différentes et dans chaque pièce principale, penser aux panneaux solaires comme source d’énergie et pour la production d’eau chaude sanitaire ; pour l’acoustique : des exigences pour l’isolement acoustique de la future habitation ; et enfin, pour l’aspect aération, veiller à assurer des débits minimaux d’air extérieur entrant pour une bonne qualité de l’air intérieur.
Texte : Corine Tellier