L’information de la population et la diffusion de consignes de sécurité constituent les meilleures formes de prévention immédiates contre les dangers que présentent les cyclones à La Réunion.
Dans la zone Sud de l’Océan Indien, la menace cyclonique est le principal risque majeur. Phénomène météorologique, le cyclone peut engendrer d’énormes dégâts et faire de nombreuses victimes. Les mesures de sauvegarde et les consignes de sécurité permettent d’atténuer ce risque. Même si l’on ne peut marquer précisément le début et la fin de la saison cyclonique, les conditions optimales du développement des cyclones sont habituellement réunies de décembre à mars.
Ainsi la saison cyclonique est-elle « ouverte » par le préfet, afin de rappeler aux populations les consignes et sensibiliser les entreprises, les élus, les services de l’État et les opérateurs en charge d’une mission de service public à ce risque majeur.
QU’EST-CE QU’UN CYCLONE ?
Le cyclone est essentiellement une perturbation dépressionnaire qui se forme sur les étendues maritimes tropicales. Il provient de l’intensification d’une perturbation tourbillonnaire préexistante, qui se produit quand les conditions environnementales sont favorables.
Une dépression tropicale se forme alors. C’est la phase initiale, dite de genèse (ou de « cyclogenèse »). A ce stade, les vents moyens restent inférieurs à 34 nœuds (63 km/h).
Si la dépression poursuit son développement et que les vents dépassent ce seuil, elle devient alors une tempête tropicale modérée et se voit à ce moment-là attribuer un nom de baptême, choisi alphabétiquement dans une liste de prénoms définie à l’avance.
C’est en 1848, que Piddington, le premier, utilisa le mot cyclone pour désigner ce que jusqu’alors on appelait tempête, coup de vent ou ouragan. »Je suggère, écrivait-il, dans son « Sailor’s Horn Book » que nous appelions pour cette sorte de vent circulaire le terme cyclone, du grec KYKLOS qui signifie, entre autres, cercle ou l’enroulement du serpent ».
En Asie, bien qu’il s’agisse toujours du même phénomène, on utilise les termes : typhon (du chinois Tai Fung, de l’Indien Toofan), ou baguio aux Philippines. Il a été montré que dans un cyclone tropical, tout l’air qui entre dans la circulation est entraîné vers le haut.
Le cyclone tropical dans son stade de maturité possède dans son centre un oeil. La zone de convergence intertropicale est une zone privilégiée de formation des perturbations tropicales dans le bassin océan Indien Sud. C’est là, en effet, que les vents alizés de l’hémisphère nord, qui soufflent originellement du nord-est, mais sont déviés ensuite en vents de nord-ouest après le franchissement de l’Equateur, et ceux de l’hémisphère sud, qui soufflent du sud-est, entrent en conflit pour donner naissance aux perturbations initiales.
Un cyclone tropical tire son énergie de la chaleur emmagasinée dans les eaux tropicales et extirpée via le flux d’évaporation en surface. Cette chaleur est ensuite libérée par la condensation de la vapeur d’eau de l’atmosphère tropicale humide en puissants nuages de type cumulonimbus, qui deviennent alors le moteur de la machine thermodynamique fascinante que constituent les cyclones tropicaux.
Les cyclones tropicaux peuvent se déplacer dans n’importe quelle direction, à une vitesse qui tend généralement à s’accroître au fur et à mesure qu’ils s’éloignent de l’Equateur. Mais aux basses latitudes, le déplacement en direction du sud-ouest est naturellement privilégié.
LA SURVEILLANCE MÉTÉOROLOGIQUE
« La Réunion accueille l’un des six centres météorologiques régionaux spécialisés (CMRS) dans les cyclones tropicaux, mis en place dans chaque bassin océanique par l’Organisation Météorologique Mondiale – avec les centres de Miami, Tokyo, New Delhi, Honolulu et de Nadi aux Fidji « , explique Philippe Caroff.
Ce centre a pour mission de détecter les phénomènes dépressionnaires et de prévoir leur trajectoire et leur intensité jusqu’à leur dissipation.
Il émet alors des bulletins toutes les six heures, à destination de tous les services météorologiques de la région, des usagers maritimes ou encore des compagnies aériennes. Les phénomènes sont analysés essentiellement grâce aux images satellitaires, en particulier du satellite géosattionnaire Météosat 7. Mais tous les moyens d’observation disponibles pour estimer la force des vents et des courants aériens qui contrôlent les déplacements, mais aussi les évolutions d’intensité des phénomènes dépressionnaires, sont utilisés, qu’ils proviennent de mesures de ballons-sondes, de bouées dérivantes ou fixes, etc…
L’analyse des images satellitaires permet à Météo-France Réunion de mettre en évidence les masses nuageuses pré-cycloniques qui présentent des caractères très particuliers. En s’appuyant également sur les prévisions issues des modèles numériques (des modèles mathématiques sophistiqués capables de simuler l’évolution de l’atmosphère), Météo-France Réunion peut maintenant estimer si une évolution cyclonique est probable dans les 24 ou 48 heures de manière assez précise. L’intensité du cyclone est quantifiée en donnant une vitesse estimée des vents les plus forts et la pression au centre.
LA PRÉVENTION DANS LA CONSTRUCTION
Sur le long terme, la prévention des risques cycloniques passe par des mesures réglementaires dans la construction et l’urbanisme. Dans les zones exposées aux cyclones, les Plans de prévention des risques (PPR) « inondations et mouvements de terrain » peuvent s’inscrire ou recommander des dispositions constructives ou des dispositions sur l’usage du sol. De manière générale, les constructions doivent être implantées en dehors des zones particulièrement sensibles (en bordure de littoral, dans des secteurs exposés à un aléa torrentiel ou de glissement de terrain, sous les lignes électriques à haute tension…).
Les bâtiments doivent êtres construits selon les règles paracycloniques (toit à quatre pentes avec une inclinaison de 30°, renforcement des ouvertures) et les abords immédiats de l’édifice construit doivent êtres dégagés (élagage ou abattage des arbres les plus proches, suppression d’objets susceptibles d’être projetés).
Lors d’un cyclone tropical, plusieurs phénomènes extrêmes peuvent endommager, et même détruire une construction : les rafales de vent, la pluie diluvienne, les inondations, les débris transportés par le vent ou les rivières, les glissements de terrain, l’onde de tempête près des côtes.
En général, les constructions anticycloniques sont conçues pour résister aux effets directs du vent, aux débris aériens et à la pluie. Elles ont seulement un niveau de solidité suffisant pour assurer la survie des populations, préserver les biens et les équipements vitaux.
Les inondations, les crues, les glissements de terrain, ondes de tempête… sont difficilement maîtrisables par les technologies de construction courantes.
On les contourne par la mise en place d’un plan d’occupation des sols. Il ne s’agit pas de construire des ouvrages résistants à tous les effets des cyclones, mais de concevoir et réaliser des bâtiments ayant un niveau suffisant pour assurer les trois fonctions de base suivantes : résistance mécanique, abri du vent et de la pluie. Et cela pour un coût raisonnable par rapport au risque, donc en ne mettant en œuvre que des techniques de construction courantes, avec simplement quelques adaptations.
Avant l’arrivée d’un cyclone, les bâtiments doivent êtres préparés pour son passage (renforcements des fermetures, protection des ouvertures, mise en place des volets, calfeutrements…).
Dispositions constructives : ingénierie et techniques mises en oeuvre pour les constructions cycloniques.
LE VENT
Les effets du vent sur un bâtiment sont principalement mécaniques. L’ouvrage construit doit alors résister à des efforts de soulèvement (lestage ou ancrage) et horizontaux (contreventement).
Couverture : resserrement des espaces entre pannes et chevrons, augmentation des fixations des éléments de couverture ;
Façade et menuiserie : montants et vitrages plus épais ;
Contreventement : murs de refend répartis régulièrement sur chaque façade ;
Soulèvement : lestage des poteaux, ancrage de la structure de la toiture dans celle du bâtiment ;
Prise au vent : éviter les grands débords de toiture, à moins de les lester.
LES DÉBRIS AÉRIENS
Des solutions techniques peuvent êtres mises en oeuvre pour résister à l’impact des débris transportés par les vents ;
Mur extérieur : réalisation en matériau assez solide, des maçonneries ou des planches en bois sont en général suffisantes ;
Vitrage des menuiseries : protection par des volets ou utilisation de vitres feuilletées.
Des arbres plantés à proximité immédiate d’un bâtiment constituent aussi un risque, le sol détrempé par la pluie associé à un vent violent peuvent déraciner un arbre et le faire tomber sur le bâtiment. Il suffit de planter les arbres suffisamment loin pour qu’ils soient hors de portée du bâtiment.
LA PLUIE
Une pluie cyclonique est toujours accompagnée de vents violents qui rendent la pluie horizontale et même ascendante. L’eau projetée à grande vitesse sur les parois extérieures a donc tendance à s’infiltrer dans les moindres trous et joints existants. Les toitures sont les premières affectées. Les façades, les aérations et les menuiseries le sont elles aussi.
Dans un bâtiment, les passages possibles pour l’eau sont quasi infinis, l’étanchéité à la pluie est la partie la plus complexe à réaliser. Les solutions techniques mises en oeuvres consistent à :
Utiliser des matériaux peu sensibles à l’eau ;
Imperméabiliser le mieux possible les couvertures et façades ;
Limiter les passages potentiels d’eau (éviter les toitures en petits éléments) ;
Récupérer l’eau et l’évacuer vers l’extérieur lorsque les ouvertures sont nécessaires (aérations, jeux dans les menuiseries, joints de façade, recouvrements entre éléments de couverture…) ;
Ces solutions ne garantissent pas l’étanchéité parfaite de l’ouvrage face à un cyclone tropical. Il n’existe pas de norme unique traitant toutes les spécificités des constructions anticycloniques. On utilise le système normatif, réglementaire et législatif pour réaliser des constructions paracycloniques.
Les normes de construction définissent des niveaux de sollicitation ou de résistance, avec des préconisations sur le choix du niveau en fonction de l’exposition. Les lois et les règlements imposent les niveaux d’exposition et de solidité par une carte des vents. Les constructions anticycloniques courantes doivent êtres conçues pour résister à des vents maximums variants de 120 à 250 km/h.
A La Réunion, des fabricants de produits dans le secteur de la protection des biens et des personnes proposent des volets roulants, des rideaux métalliques anticycloniques. Ces entreprises contribuent à votre sécurité tout en protégeant et valorisant votre habitat.
Texte & photos : © Corine Tellier / Météo France Réunion
Remerciements à Monsieur Philippe CAROFF, responsable de la Division Cyclones à Météo-France Réunion.