{Kaléidoscope Créole} LES ENCEINTES SPORTIVES DE LA MARTINIQUE

par Maisons Créoles

La Martinique, dans sa chair, se veut terre de sport de graine de champions ! Mais l’univers sportif de l’île s’est écrit récemment, notamment au XXème siècle, alors même que se dessinent les formes de la société martiniquaise moderne, entre assimilation à la métropole et contestation. Le sport, lui, n’a pas toujours été si… populaire !

Aux prémices du « sport », des pratiques coloniales et bourgeoises

Les premières marques d’un sport organisé et pratiqué régulièrement se dessinent à la fin du XIXe, où les usages, à l’instar des clubs et autres rendez-vous selects, permettent de cultiver l’entre soi de l’élite locale, sur des terrains et installations privées. Au commencement du XXe, la petite bourgeoise de couleur, intellectuelle et économique, pense le sport comme un promoteur d’égalité et de développement social sur l’île. Le sport pour autant, se cantonne encore à des communautés limitées et privilégiées, notamment dans le cadre scolaire et des équipements des établissements, comme un jalon supplémentaire d’appartenance à un projet de société. En témoigne notamment, en 1924, la création du Golden Star, porté déjà par des élèves du Lycée Schoelcher. Citadine et encore relativement élitiste, cette genèse des sports collectifs diffuse modérément vers les campagnes, où la pratique est encore largement limitée et la population ouvrière toujours occupée aux champs et hauts- fourneaux.

La démocratisation passe par l’Etat

Au fil des ans, les pionniers, sportifs, intellectuels ou politiques, se distinguent. Felix Eboué, alors bref Secrétaire Général en Martinique en 1933, participe à la structuration publique du sport et de ses équipements dans les îles. En 1934, c’est Victor Sévère, maire de la capitale, qui inaugure la moderne Maison des Sports sur la plage de la Française. Elle devient le siège de l’Union des Sociétés Martiniquaises de Sports Athlétiques, fondée en 1912 et bientôt en première ligne de la vie culturelle et populaire de la ville et de l’île. Les ligues s’y rassemblent, les premiers culturistes ou basketteurs y trouvent leur bonheur et les bals, fêtes de carnavals et concerts s’y donnent joyeusement. En 1960, on fait le constat d’un équipement sportif public indigent et largement négligé depuis l’intégration départementale de 1946, quelques programmes d’équipement s’initient. C’est surtout à partir des années 1970 que se dresse un portrait plus sportif de la population, là où les campagnes sont frappées durement de la fin d’un modèle. Les clubs parfois, les collectivités pour beaucoup, investissent à mesure dans ces infrastructures sportives, notamment autour du sport maître, le football, l’un des seuls à fournir des rentrées d’argent aux clubs et associations. Il est l’occasion, autour des stades et des petits gradins, de rassemblements populaires et suivis, aux allures de fêtes et de galas.

Et qui dit sport, pense clubs et stades mythiques

Et aujourd’hui elles sont nombreuses ces enceintes sportives, quoi qu’au coeur des préoccupations générale de rénovation et qualité du bâti. Parmi les plus spectaculaires, originales ou précurseuses : Le stade de Bellevue, construit en 1937 et devenu Louis Achille, accueille près d’une douzaine de clubs et d’activités sportive, alors même qu’il aura vu passer en son sein chevaux, derbys historiques du football foyalais et rencontres légendaires (on pense évidemment au passage du roi Pelé en 1971).

Les foules s’amassent, et le moderne Stade Pierre Aliker et ses 18 000 places, accueille depuis 1993 les rencontres les plus spectaculaires.

Et du côté des structures plus inattendues, le cyclisme, moins visible, puisqu’il investit les routes, s’ancre tout de même dans le patrimoine, au travers de sa toute récente arène de Pays Noyé, pensée pour forger les endurances. La première piscine publique de la Martinique elle, ouvre en 1964 au Carbet, ouvrant la natation sur une pratique beaucoup plus professionnelle. Le golf de l’Espérance enfin, est installé par la politique du Plan des années 1970 comme un vecteur supplémentaire de ce tourisme de masse auquel aspire l’île.

Texte et photos : © Corinne Daunar

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