La Martinique by Natéa
Croquer en couleurs tranchantes les vues les plus prisées de la Martinique, laisser pétiller les horizons cassant des Pitons du Carbet, confondre en acidulés chauds le coucher de soleil de la Pointe Faula ou le profil marin des Anses d’Arlet, c’est le projet un peu fou de Natéa, virtuose du dessin et des captures pop. Déjà accrochées aux quatre coins de l’île, ces estampes modernes s’en vont conquérir le monde.
La Martinique croquée
Vous les avez sans doute croisées et peut- être même adoptées,mais que savez-vous de leur autrice, une illustratrice aussi discrète que secrète ? De Natéa nous ne découvrirons que peu : née dans les années 1980’ en Martinique, Natéa profite d’une enfance heureuse et studieuse au cœur de Foyal à l’école Émile Forban à l’ombre de la bibliothèque Schœlcher où elle aime vagabonder.
Entre deux pages de livres, elle nourrit une seconde passion, celle de ses cahiers de croquis et des crayons. Mais comme beaucoup de cette génération, c’est vers d’autres desseins qu’elle devra se tourner. À Aix en Provence, puis Paris elle fait désormais sa vie. Le temps des vacances, très attendu, est l’occasion pour Natéa de renouer avec les paysages et les couleurs qui lui sont chères, et qui lui manquent tant dans la routine un peu morne de Paris. Son carnet à la main, elle croque à pleine dent un pays dont elle se fait le messager.
De l’art pop et digital
Après une vingtaine d’années dans le marketing, c’est finalementle grand retournement. Natéa décide de démissionner pour redonner du sens à sa vie, et vivre de sa passion. Elle rentre au pays et se concentre sur son dessin et affine son trait. Artiste digitale, elle reprend ses croquis et les revisite avec sa tablette graphique. Au stylet, elle efface, redessine et peut, bientôt, alimenter ses réseaux de créations piquantes et voyageuses. Et l’idée plait ! Le concept est né, et les illustrations d’une « Martinique By Natéa » s’arrachent.
Amoureuse de sa terre natale, Natéa souhaite s’éloigner des clichés « doudouistes » qui ont baigné les étales touristiques deplusieurs générations et offrir aux visiteurs un souvenir made-in Martinique hors du commun. Elle donne une nouvelle impulsion à ses dessins, en travaillant des courbes épurées et des camaïeux de verts, de bleus ou d’orangers. Son style ? des illustrations « néo – rétro » empreintes d’une grande modernité. Son credo ? Ouvrir une fenêtre sur les Caraïbes pour tous ceux qui voyagent, toutcomme un point d’ancrage pour ceux qui ont quitté leur ile.
L’ambassadrice des îles
Mieux encore, Natéa devient une ambassadrice unique, celle des plus iconiques points de vue de l’île : ici la maison du bagnard Médard Aribot au pied du morne Larcher, là la longue plage des Salines, son sable blanc et ses cocotiers ployant au vent. Plus loin, c’est aussi l’immensité verdoyante du Nord qui perce l’imprimé, du pont du bout du monde au très familial Coeur Bouliki.
D’autre raconte encore son attachement viscéral, de la bibliothèque Schœlcher, son refuge de l’enfance, au ponton des anses d’Arlet duquel elle avait si peur de s’élancer. Peu à peu son œuvre s’inscrit dans un devoir de mémoire. Elle choisit d’immortaliser Trenelle, méli-mélo d’habitat spontané accroché auflanc de Fort-de-France. Puis dans une inspiration, elle dessine le phare de la caravelle ou l’église de Balata construite dit- on à dos de femmes.
Une illustration en appelant une autre, une nouvelle série vient déjà acter les grands moments du calendrier martiniquais, ces puissants « instants de liesse populaire » pour lesquels elle vibre tant. Mais plus encore, dans ce tour des Caraïbes, Natéa étend déjà ses voiles de la Guadeloupe à Marie Galante en passant par le Maroni laissant à tout un chacun un petit morceau de son berceau à emporter dans ses effets.
Texte : Corinne Daunar
Credit Photos Natéa